Lieu Naturel

Peu avant les terreurs de l’an 1000, Guéthenoc, vicomte du Porhoët, choisit de construire un château à Guilliers, sur les bords de l’étang de Château Trô. Il s’agit d’une motte féodale sur laquelle s’élève un château, construit vraisemblablement en 992. Le château est défendu en partie par les eaux de l’étang. Assis sur un roc de plus de dix mètres, il est protégé côté terre par de profondes douves.

Le seigneur, voulant édifier un château digne du nom qu’il portait, et attiré par les vertus d’une statue de la Vierge, qui provoquait déjà la vénération des populations environnantes, décida de quitter Guilliers pour édifier une demeure luxueuse, plus au Sud, sur les bords de l’Oust. Ainsi, vers 1025, le château fut fondé et Guéthennoc lui donna le nom de son fils aîné: Josselin. Plus tard, ce fils fonda le prieuré de Sainte-Croix de Josselin et lui donna entre autre la terre de « Corrinbucan » en Guilliers.

Abandonné par son propriétaire, le château de Guilliers va connaître des fortunes diverses. Reconstruit plusieurs fois, il fût donné par les vicomtes du Porhoët à leurs serviteurs dont la famille prit le nom de Château Trô au 12ème siècle. La famille était seigneur du dit lieu, de la Ville Cado, depuis 1200, des Clèches, de Riolo… et reconnue noble. Le château passe alors de main en main. L’histoire parle d’un tremblement de terre qui, au 13ème siècle, aurait détruit l’édifice. Mais la population, qui reproche à la fille du châtelain d’être trop volage, pense plutôt à un châtiment divin.

Au 15ème siècle, la demeure appartient à Philippe de Montauban, grand chancelier de Bretagne en 1487, vicomte du Bois de la Roche. Ce dernier aurait caché un tonneau d’or dans les fondations du château.

Le dernier seigneur de Château Trô est Adrien Dominique Magon de la Balue, petit fils de Jean Baptiste Magon, banquier de Louis XVI, guillotiné en 1794. Adrien Dominique de Magon, décédé en 1819 à Dinan, aurait perdu tous ses biens en une nuit en jouant aux cartes. C’est à cette occasion que Château Trô fût vendu.

En 1872, des ruines subsistaient encore.

En 1938, M. Augustin PRIOUX a mis à jour, en retirant de la pierre, la base d’un mur d’enceinte et les restes d’un escalier intérieur, qui descendait jusqu’au bord de l’étang. Château Trô, sa ruine : Jean-Marie FOULON dans ses mémoires inédits (1846), raconte ainsi la ruine de Château Trô : « C’est dans cette paroisse (de Guilliers) qu’on trouve encore les restes du fameux manoir de Château Trô dont nos grand-mères nous ont raconté quelques-unes des épouvantables histoires des seigneurs. Elles concluaient que c’est aux crimes nombreux de ces despotes du droit de la force qu’est due la vengeance du Ciel conservée dans tous les souvenirs populaires. C’est, disaient-elles, qu’au milieu d’une grande tempête qui fit tout trembler, alors que les habitants de la contrée frémissaient de crainte et d’épouvante, on entendit un cri effrayant et, au milieu du tumulte, ces paroles distinctes : « Sauve qui peut, le Château Trô va tourner ! » Comme si, en effet, le château eut tourné sens dessus dessous, il disparut… Et, depuis, on n’en a jamais revu que l’emplacement bien prononcé et quelques pierres qui gisent encore aux environs. »

À ce jour, plus rien n’existe du château : une grande partie du roc a été exploitée pour en extraire de la pierre.

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